Serge Lutens, le parfumeur artiste aux mille histoires, nous transporte avec ce Baptême du Feu dans un monde de sensualité et de chaleur, de festivités mais aussi de peurs. Conceptuel et architecturé, on plonge volontiers dans ce Baptême du feu qui nous enivre de pain d’épices et de gingembre pour mieux nous ensevelir d’un vent de feuilles automnales…
Quand le feu de la fête se mélange à celui de la violence nait Baptême du Feu
« Mon émotion est fluide. À l’instar d’une cire qui se coule dans un moule, elle affermit ce qui me séduit, comme ici, ce cœur de pain d’épice. » Voilà les quelques mots que Serge Lutens s’accorde à nous raconter à propose de ce Baptême du Feu sorti en juillet 2016 dans la merveilleuse boutique baroque Serge Lutens au Palais Royal de Paris.
Il faudrait donc vouloir percer le mystère de cette fragrance au nom aventureux et évocateur pour mieux la comprendre. Le visuel tout d’abord nous fait sous-entendre que nous sommes dans une kermesse teintée d’une cible rouge et blanche ou bien dans un conte beaucoup plus dramatique… Celui du climat de peur et de violence auquel nous sommes confrontés depuis quelques mois.
À l’instar de ce visuel si particulier, Baptême du Feu se construit autour du contraste fort et symbolique entre la fête toute de rouge vêtue et la peur du sang, rouge lui aussi. Il n’y a que Serge Lutens pour nous raconter une histoire aussi triste, belle aussi… Un parfum de drame, un parfum de vie, Baptême du Feu ne peut laisser indifférent.
Un Baptême du feu qui sent la gourmandise automnale
Baptême du Feu signe un brillant retour aux sources de ce parfumeur de génie : des matières premières de choix, un design et une communication épurés ainsi qu’un flacon longiligne et transparent qui ne laisse rien paraître, si ce n’est le jus rouge (sang ?) de ce parfum à l’histoire atypique, méchamment original pour certains, totalement loufoque pour d’autres…
Christopher Sheldrake et Serge Lutens se sont associés, comme toujours depuis Féminité du Bois, pour créer ce parfum furieusement original au gout d’enfance, de souvenirs fabuleux et de quelques cruautés aussi… Toutefois la légèreté prime sur ce Baptême du Feu qui débute dans un vent frais hespéridé de mandarine pour mieux s’ouvrir vers un cœur gourmand parfumé à la douce senteur de pain d’épices.
Puis le gingembre vient élever ce parfum d’enfance vers l’âge adulte d’un gout aphrodisiaque en le teintant de notes poudrées. L’osmanthus se mêlera aux notes boisées pour mieux nous transporter dans cette forêt enchantée et délicieusement automnale que nous promet le magicien parfumeur. Enfin les notes animales et les accords cuir propulsent Baptême du Feu vers de profondes sensualités.
Avec Baptême du Feu Serge Lutens voulait recréer l’univers plutôt contrasté du « goût retrouvé d’une peur de pain d’épice ». À l’évidence ce jus rouge brillant élégant et sophistiqué n’hésite pas une seconde à s’enivrer de douceurs enfantines pour mieux nous provoquer avec des senteurs truculentes et sensuelles qui laissent aussi songeur que perplexe… Il faudra donc, comme toujours, une bonne dose d’imagination pour comprendre ce parfum d’innocence brisée qui pourtant n’a jamais cessé de rêver. Heureusement !