Opium, un nom scandaleux pour une essence divine
La version Black du parfum Opium figure parmi les best seller ces dernières années. Retour sur un mythe de la parfumerie.
C’est en 1961 qu’Yves Saint Laurent fonde sa maison de couture du même nom. Son style est avant-gardiste, mais aussi provocateur. Il aime bousculer les codes classiques et être là où l’on ne l’attend pas. Fervent allié de la femme, YSL a su contribuer à sa libération sociale. Il fait notamment scandale avec la « collection 40 », qui reprend le style rétro arboré par les femmes lors de la Seconde Guerre mondiale. Il choquera également l’opinion publique et de nombreux pays avec « Opium », une fragrance féminine sulfureuse.
Opium ou l’histoire d’un mythe
Certains parfums influencent une vie entière se plaçant ainsi à une position de légende, de mythe. C’est le cas pour « Opium » sorti en 1977. Ce parfum, complexe et opulent, est à ce jour, un des plus grands succès de la maison YSL. Concernant, le choix très critiqué du nom du parfum, le couturier explique « Si j’ai choisi Opium comme nom, c’est que j’ai espéré intensément qu’il puisse, à travers toutes ses puissances incandescentes, libérer les fluides divins, les ondes magnétiques, les accroche-cœurs et les charmes de la séduction qui font naitre l’amour fou »… Malheureusement, l’opinion publique n’adhère pas considérant le nom de ce parfum comme une invitation à consommer des substances illicites, une incitation à la débauche. Certains parlent même de « pollution intellectuelle ». Il est vrai que la maison YLS a poussé la provocation très loin puisque le slogan de la publicité était « Opium, un parfum de dépendance »…
Etonnement, cela a entrainé les femmes à vouloir essayer ce parfum, qui a été adulé dans le monde entier, et connait toujours un succès énorme. « Opium » est un mythe, car c’est la première fois qu’un parfum ose parler de sexe, de drogue ou encore de transgression, puisque nous sommes, ne l’oublions pas, en 1977. « Opium » est une réelle révolution, mais pas qu’olfactive.
Les notes mystérieuses d’Opium
Ce sont deux talentueux parfumeurs qui sont à l’origine de cette légende, à savoir Jean-Louis Sieuzac et Raymond Chaillan. « Opium » s’envole sur la fraicheur de l’orange. Celle-ci est immédiatement contrastée par des notes fortes et épicées comme celles de la cannelle, du piment et du poivre. Le cœur d’« Opium » est floral et ultra féminin grâce à l’association du jasmin, de l’œillet, du ylang-ylang et de la rose. Enfin, le fond se veut sensuel, enveloppant, intense et très puissant. Il mêle le benjoin de Siam, la vanille, le patchouli et l’opoponax (qui est une résine extraite d’un arbuste, que l’on trouve essentiellement au Moyen-Orient et dont l’odeur est proche de celle de la myrrhe). Quant au flacon, il est l’œuvre de Pierre Dinan. Il s’inspire d’un Inrô, une petite fiole médicinale autrefois utilisée par les guerriers d’Extrême-Orient, les Samouraïs. Ces derniers la portaient à l’intérieur de leur ceinture. Au départ, le flacon d’« Opium » est réalisé dans une coque de plastique de nylon. Sa transparence laissera cependant entrevoir son jus de couleur ambrée. La cordelette noire et tressée qui part du cabochon crée un lien ultime entre la femme et son parfum.
Plus qu’un parfum, « Opium » est une ode à la liberté. Le mythe « Opium » a fait le tour du monde entier, insistant une nouvelle fois sur le côté provocateur d’Yves Saint Laurent.